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1939, l’exode républicain


Brève histoire de l’exil républicain : le grand exode de 1939
Différenciation géographique, politique et socioprofessionnelle de l’exil
Traversée de la frontière et camps de concentration
Travaille, combat ou bien tu rentres dans ton pays. Les exilés en France et la Seconde Guerre Mondiale
Références bibliographiques

Brève histoire de l’exil républicain : le grand exode de 1939

La guerre commencée en 1936 a eu son apogée avec la défaite républicaine d’avril 1939. Après la guerre et la conquête de la Catalogne par les troupes franquistes, le 15 janvier, après la chute de Tarragone, un nouvel exil massif a commencé, sous forme d’une marche impressionnante sur les routes catalanes qui menaient vers la France. Des femmes désespérées, des enfants, des soldats et des handicapés qui « furent forcés à fuir à cause de la peur physique ou psychologique des dernières phases d’une guerre perdue » ont participé à la fuite. [1]  

Ces civils n’avaient pas de responsabilités politiques et militaires, et ils ne peuvent donc pas être considérés comme des exilés, mais alors pourquoi étaient-ils en fuite ? D’après l’écrivain Teresa Pàmies « la population civile suivait en masse une dynamique collective, dans l’espoir de retrouver, une fois arrivée en France, le mari, l’enfant, le père, le frère ; une fois la tempête passée, ils auraient pu rentrer ensemble et reprendre la vie familiale, en dépit de la perte de certains proches morts dans les tranchées sous les bombes ou, tout simplement, disparus dans le tourbillon de la guerre ». [2]

Le Perthus: soldados republicanos [Fuente: UB-Biblioteca del Pavelló de la República]La fuite massive a comporté une série d’évènements bouleversants, parmi lesquels les bombardements incessant sur la population en fuite, la dureté d’un hiver particulièrement froid, l’abandon sur la route des affaires personnelles et de tout ce que ces objets représentaient pour la plupart des gens, en particulier pour les femmes qui jetaient dans le fossé les souvenirs de toute une vie. Des facteurs comme la faim, la séparation des familles de la part des autorités françaises après que celles-ci aient traversé la frontière, ainsi que le futur incertain au-delà de la frontière, ont façonné des expériences d‘exil, marqué un avant et un après pour beaucoup d’entre eux, et, en fin de compte, élaboré une mémoire collective de l’exil.

L’évocation par la presse française et internationale de cette situation dramatique, surtout pendant les mois successifs à la Seconde Guerre Mondiale, a entrainé une réorientation des secours en faveur des exilés de la part des organismes d’aide internationale. Ces aides ont été gérées par le Comité Internacional de Coordination et d’Information pour l’Aide à l’Espagne Républicaine (CICIAER), un organisme siégeant à Paris crée par le gouvernement de la République le 13 aout 1936, afin d’assurer la coordination des efforts en faveur de l’Espagne républicaine faits à l’échelle internationale. [3] Après l’échec républicain, la coopération internationale a réorienté ses priorités en fonction de l’amélioration des conditions de vie des réfugiés dans les camps de concentration français et nord-africains, ainsi que de la possibilité de les transférer en Amérique.

Environ 465.000 personnes ont traversé la frontière française pendant cet hiver glacial ; un exode qui avait commencé de Madrid à Valence, puis Barcelone, Gérone, Figueres et enfin la frontière avec le pays voisin. Les exilés sont arrivés non seulement avec le désespoir de vivre avec une question pérenne : « qu’est-ce qui va se passer maintenant ? », mais ils se sont aussi retrouvés dans une France affectée par une grave crise économique et gouvernée par une droite réactionnaire dominée par des fascistes et des xénophobes. Le député radical Édouard Daladier, alors Premier Ministre, a promu une politique de confrontation avec les communistes en faisant appui sur un consensus enrichis d’éléments xénophobes répandus dans la société et dans l’opinion publique françaises à partir du début des années 1930. Ces réactions avaient été produites par l’arrivée de différentes vagues de réfugiés politiques, d’origine surtout espagnole et italienne, mais aussi par une émigration économique espagnole reconnaissable par un degré élevé d’analphabétisme et par une faible formation professionnelle. Tous ces facteurs ont provoqué une certaine répulsion de la part de la société française envers les exilés qui traversaient la frontière pendant l’hiver rigide de 1939. Si les femmes et les enfants étaient considérés comme des victimes innocentes de la guerre, les vétérans ont été accusés d’utiliser ces femmes et ces enfants pour se protéger et furent signalés, entre autres, comme des êtres repoussants, malpropres, fuyards, déserteurs et des indésirables. [4]

Bienvenida al buque Sinaia [Fuente: UB-Biblioteca del Pavelló de la República]L’exil a donc été un problème économique et politique pour le gouvernement français qui a tout de suite promu le rapatriement vers l’Espagne ou la ré-émigration vers d’autres pays comme le Mexique, le Chili et la République Dominicaine, voire les trois républiques américaines qui ont officiellement accepté d’accueillir des républicains espagnols. Cette dernière option reposait sur une série de critères de sélection et d’admission et pouvait être mise en place à condition que les organismes officiels d’aide paient le voyage et contribuent économiquement à l’installation de l’exilé dans le pays d’accueil. De cette façon, le financement a été supporté par le SERE (Servicio de Emigración –o Evacuación- de los Republicanos Españoles) 
et par le JARE (Junta de Auxilio a los Republicanos Españoles), des organismes créés par le gouvernement républicain pendant l’exil et soutenus, d’un point de vue économique, par des membres du gouvernement de la République Française pendant les années de guerre. Les deux organismes comptaient sur l’aide désintéressée de centaines de comités internationaux qui ont collaboré aux évacuations. Pour faire un exemple, un des pays qui a contribué notamment à la cause républicaine a été l’Argentine, où la société civile, s‘opposant à un gouvernement conservateur et réticent à accepter des réfugiés républicains, s’est mobilisée dans une optique antifasciste et a donné son soutien sans réserves à la cause républicaine et aux exilés. [5]
[Pour plus d’informations sur les étapes de la redistribution des exilés républicains dans le monde entier voir la section Plan du site web].

Dans l’imaginaire collectif de l’exilé, la ré-émigration en Amérique est souvent associée aux passagers des « navires de l’espoir » : ces bateaux utilisés pour transporter un grand nombre de réfugiés espagnols dans des terres sœurs pendant la période turbulente entre 1939 et 1940. Des noms comme ceux du Flandre (312 exilés), du Sinaia (1.599), de l’Ipanema (900) ou du Mexique (2.067) dans le cas du Mexique, du Winnipeg (2.200) pour le Chili, du Massilia pour l’Argentine ou du Stanbrook pour l’Oran, représentaient non seulement une passerelle vers l’espoir, mais aussi une mémoire vive qui a marqué le début d’une nouvelle vie dans un pays lointain. [6]

De plus, les rapatriements vers l’Espagne ont été particulièrement encouragés entre avril et décembre 1939. Comme l’historien J. B. Vilar nous l’a indiqué, environ 268.000 exilés, parmi lesquels en grande partie des vétérans et des civils non impliqués dans des émeutes politiqués, ont été rapatriés. De ce fait, le 31 décembre 1939, le nombre d’exilés qui restait en France était d’environ 182.000. Selon la même source, le flux des rapatriements est augmenté pendant la Seconde Guerre Mondiale, de telle sorte que le nombre des exilés était d’environ 162.000 vers la fin de 1944. [7]

La guerre mondiale imminente a déterminé un revirement de la presse française et internationale et les thèmes concernant les réfugiés républicains d’Espagne ont rapidement cessé de faire la une. [8] En outre, le sort des exilés a été apparenté à celui d’autres réfugiés politiques ou des persécutés raciaux, comme les juifs, qui ont été harcelés par les régimes nazi-fascistes.

Différenciation géographique, politique et socioprofessionnelle de l’exil

La majorité des exilés qui ont traversé la frontière avec la France étaient des gens provenant des provinces catalanes, mais il est certain que l’exode a été alimenté par des gens provenant de différentes régions de la péninsule. En effet, la Catalogne avait elle-même précédemment accueilli des réfugiés provenant des zones occupées par les armées franquistes. Selon les statistiques signalées par l’historien J. Rubio, l’exil massif en France de 1939 était identifiables d’un point de vue statistique ainsi : Catalogne (36.5%), Aragon (18%), Levant (14.1%), Andalousie (10.5%), Nouvelle-Castille (7.6%), Nord de l’Espagne (Pays Basque, Santander et Oviedo) (8.1%). [9]

En ce qui concerne le niveau socioprofessionnel, selon l’historienne Alicia Alted, il y a eu une tendance à établir une distinction entre l’exil en Europe et, en particulier, en France, où la majeure partie des exilés a été accueillie, et l’exil en Amérique, surtout au Mexique. La plupart des exilés restés en France appartenaient aux secteurs agricoles et industriels : transports, métallurgie, mécanique, électricité et construction. Les départements méridionaux ont accueilli les exilés “avec un niveau socioprofessionnel plus modeste et une grande partie des militants anarchistes et socialistes”, qui avaient constitué les unités de combattants et qui ont traversé la frontière, grâce au soutien des services auxiliaires, entre janvier et février 1939. [10]

Au contraire, comme l’historien Juan B. Vilar le signale, le cas de l’Amérique est identifiable pour une “immigration hautement sélective. Sans oublier la présence d’immigrés de la classe ouvrière, qui n’est pas d’habitude évoquée, la majorité des espagnols qui partirent en exil en Amérique, et principalement en Amérique Latine, appartenaient à l’élite de la société”. [11] Ainsi, l’exil américain a été caractérisé par un grand nombre de réfugiés rattachés aux professions libérales, intellectuelles et politiques.

D’un point de vue politique, l’exil républicain a été rapproché de différentes idéologies politiques : communiste, socialiste, anarchiste et républicaine. Ces idéologies ont souvent occasionné des tensions et des confrontations entre les réfugiés, soit parmi ceux soutenant le gouvernement républicain soit parmi ceux défendant la collectivité. Certaines divergences politiques remontaient au temps de la guerre d’Espagne et se sont ensuite endurcies à cause de l’expérience de l’exil.

Traversée de la frontière et camps de concentration

La traversée de la frontière a été faite à travers du Latour de Carol, du Bourg Madame, du Prats de Mollo, de Le Perthus, de Cerbère. Ces principaux points de passage dans les Pyrénées-Orientales ont été submergés par ce flot de réfugiés qui tentaient de traverser la frontière. Tout d’abord il s’agissait de femmes, d’enfants et de personnes âgées, mais des combattants fuyant l’avancé nationaliste se sont unis rapidement à cette population civile. Le 22 janvier, avant la défaite définitive de l’Ebre, le gouvernement républicain a ordonné l’évacuation de Barcelone. Cela a conduit à une retraite massive de la population civile et des forces militaires en direction de la frontière française.

Guardia francesa ante una pila de fusiles: desarme exiliados [Fuente: UB-Biblioteca del Pavelló de la República]Il faut rappeler que les frontières n’étaient pas toujours ouvertes. Le 28 janvier, deux jours après l’occupation de Barcelone par les troupes nationalistes, le ministre républicain de l’Etat, Julio Álvarez del Vayo, a obtenu du gouvernement français l’ouverture de la frontière afin d’accueillir les réfugiés civils. Le 5 février, après avoir laissé passer seulement la population civile, les autorités françaises ont accepté aussi l’entrée des combattants à condition qu’ils déposent leurs armes et qu’ils soient internés dans des camps de concentration. [12]

En  trois semaines environ – le 10 février a été le dernier jour d’évacuation massive – environ 465.000 personnes sont entrées dans le département côtier et agricole des Pyrénées-Orientales.

Une fois la frontière traversée, les exilés subissaient un triage et étaient ensuite placés dans des camps connus avec le nom de centres d’accueil. Le premier camp ouvert en France a été celui d’Argelés, qui a été inauguré le 1er  février 1939. Le 8 février, après l’entrée massive de réfugiés entre le 5 et le 9 février, le camp de Saint-Cyprien a été ouvert. Ces deux camps devaient accueillir la majorité des exilés qui avaient traversé la frontière par Le Perthus et Cérbere. Les camps de Vallespir et de la Cerdagne (Arles-sur-Tech et Prats de Mollo) furent ouverts pour ceux entrés par d’autres points de passage. [13]

Prats de Molló: un soldado francés cachea a un exiliado [Fuente: UB-Biblioteca del Pavelló de la República]Les exilés étaient constamment contrôlés par la police française et par les troupes coloniales (Maures et Sénégalais). Très tôt, des nouveaux problèmes ont affectés les réfugiés dans les camps de concentration : la mauvaise alimentation, la promiscuité et la surpopulation, le manque d’hygiène et la contamination de l’eau causée par la présence de déchets humains sur les plages. Tous ces facteurs ont provoqué des cas d’avitaminose, d’escabiosis, de dysenterie ainsi que des morts par cause du choléra et de sous-alimentation.

La surpopulation des camps d’Argelés et de Saint-Cyprien a contraint le gouvernement français à créer un nouveau camp sur la plage de Barcarés, toujours dans le département des Pyrénées-Orientales, afin de décongestionner les deux autres camps. Peu à peu des nouveaux camps furent construits dans d’autres départements : celui d’Adge (Hérault) fut destiné principalement aux exilés catalans, celui de Bram (Aude) aux exilés les plus âgés. D’autres camps furent créés ensuite : celui de Gurs (Béarn) fut destiné aux aviateurs basques et aux membres des Brigades Internationales ; celui de Judes (Septfonds) fut réservé aux ouvriers qualifiés. Un autre camp, près du village de Couiza, fut destiné aux femmes et aux enfants.

Des camps spécifiques furent créés pour accueillir les exilés dangereux. L’ancien château  royal de Collioure accueillit des centaines d’espagnols, parmi lesquels il y avait des officiers, des soldats de l’armée républicaine et des membres des Brigades Internationales. Dans le camp de prisonniers de Vernet-d’Ariège, fut accueillie de manière similaire la plupart des anarchistes de la colonne Durruti. Rieucros, destiné uniquement aux femmes, fut un autre camp de punition et de répression. Les camps de Vernet et de Rieucros ont continué à être utilisés pendant la Seconde Guerre Mondiale et ils ont accueilli hommes et femmes, de différentes nationalités et avec une importance politique et militaire : militants antifascistes de l’Europe centrale, femmes communistes et anarchistes. [14]

Le Perthus: exiliados organizándose [Fuente: UB-Biblioteca del Pavelló de la República]Un appendix de l’exil républicain en France est représentée par le cas de l’Afrique du nord. L’exil massif vers le continent africain a commencé avec le retrait de la flotte républicaine de Carthagène le 5 mars 1939. La destination de cet exode a été l’Oran et sa région : l’Algérie occidentale confinant avec le Maroc. Comme dans le cas de la France métropolitaine, cet exil est considéré comme “une immigration fondamentalement populaire. Il y avait quelques leaders politiques et syndicaux, surtout de deuxième rang, mais très peu d’intellectuels et rarement des personnalités phares du monde littéraire, ou de ceux des arts et des sciences”. [15]

L’historien Juan B. Vilar a récolté les données suivantes : 8.000 exilés en Algérie, 4.000 en Tunisie et environ 1.000 au Maroc. Les femmes et les enfants étaient conduits dans des centres d’accueil, alors que la majorité des ex-combattants et des hommes d’âge militaire ont été internés dans des camps de travail, parmi lesquels les camps algériens de Morand et Suzzoni et celui de Rélizane dans l’Oran. Des camps de punition ont été également créés : Merijda et Djelfa. Le cargo anglais Stanbrook est l’emblème de l’exil vers le nord de l’Afrique. Le 28 mars 1939, ce bateau a levé l’ancre dans le port d’Alicante en direction de l’Oran. Il transportait, dans la limite de ses possibilités, 2.638 passagers sans aucune distinction d’idéologie, grâce au facteur humain de son capitaine : le gallois Archibald Dickson. [16]

Travaille, combat ou bien tu rentres dans ton pays. Les exilés en France et la Seconde Guerre Mondiale

Face au commencement imminent de la Seconde Guerre Mondiale, le gouvernement français adopta un décret avec lequel il obligeait les étrangers hommes apatrides (âgés de 20 à 48 ans et bénéficiaires du droit d’asile) à prêter le service militaire pour les autorités françaises. Les républicains espagnols rentraient aussi dans cette catégorie et quatre options s’offraient à eux :

  • Être embauchés individuellement par des employeurs agricoles ou industriels de manière à compenser la pénurie de travailleurs pendant la saison.
  • Rejoindre une société de travailleurs étrangers (CTE) : ils étaient destinés principalement à la fortification des lignes de défense françaises, ligne Maginot et frontière italienne, ainsi qu’à l’installation de la Pipe-Line. 
  • Légion Étrangère, dans laquelle ils étaient engagés pour 5 ans.
  • Régiments de Marche des Volontaires Etrangers (RMVE), ce qui correspondait à s’engager militairement “pour la durée de la guerre”. [17]

La CTE, la RMVE, ainsi que la Légion Étrangère, auraient dû offrir une solution aux réfugiés socialistes, anarchistes et communistes déterminés à ne pas rentrer en Espagne et craignant les persécutions phalangistes. Pourtant, nombreux cas d’incorporation ont été réalisés sous la menace d’un retour dans l’Espagne de Franco. Ceux qui ont refusé de se joindre à une corporation ont été internés dans les camps disciplinaires de Collioure ou de Le Vernet, où ils été traités comme des prisonniers plutôt que comme des exilés politiques. De ce fait, seules les familles de ceux qui acceptaient un travail, de ceux qui étaient incorporés à la CTE, à la RMVE ou à la Légion Étrangère, ou des républicains dont le rapatriement en Espagne mettait en danger leurs vies, pouvaient rester en France. Face à ces conditions, beaucoup d’exilés ont été en quelque sorte contraints d’accepter ces offres.

Il faut noter que l’intensité de ces recrutements a été proportionnelle au grade de politisation des refugiés et, de ca fait, les extrémistes politiques se sont refusés d’accepter les “offres imposées” par le gouvernement français. Par exemple, très peu d’espagnols, moins de 1.000, ont rejoint la Légion, car les républicains l’associaient au Bataillon des Etrangers ou à la Légion Franquiste, alors que 6.000 personnes furent inscrites à la RMVE. Pour les républicains espagnols, “cela était la seule manière imaginable d’incorporer dans l’armée française. La formation d’unités régulières d’espagnols intégrées à l’armée n’était pas envisageable, car le gouvernement français voulait éviter toute sorte de problèmes avec le gouvernement de Franco”. [18]

Après l’occupation de Paris par les Allemands, le 14 juin 1940, une nouvelle odyssée a commencé pour les exilés retrouvés dans les camps de concentration de la part du gouvernement collaborationniste du maréchal Philippe Pétain. Beaucoup d’exilés furent emprisonnés et envoyés dans des camps d’extermination par les Allemands, car ils collaboraient avec la Résistance française et travaillaient dans la CTE et dans la RMVE.

Le camp de Mauthausen a été un de principaux camps et a accueilli environ 7.000 espagnols, dont 5.000 y sont mort. Une odyssée républicaine pleine d’accidents et d’ironie comme, par exemple, le traitement que les Britanniques ont infligé aux réfugiés emprisonnées à cause d’une “collaboration présumée avec l’ennemi”. Cette collaboration présumée n’était rien d’autre que l’obligation à travailler, comme des esclaves, à la construction du mur de l’Atlantique (Organisation Todt). Après avoir collaboré avec la Résistance française, beaucoup de républicains guérillas (maquisards) n’ont pas obtenu le soutien international espéré pour mettre fin à la dictature franquiste. Ce pourquoi, avec très peu de moyens, ils ont commencé tous seuls leur “Reconquête de l’Espagne” et occupé le Val d’Aran en 1944.

Beaucoup d’autres facteurs identifient les expériences des exilés à la fin de la guerre. Ceux qui n’ont pas pu rentrer ont été oubliés par l’Espagne franquiste et ont commencé une nouvelle vie dans des lieux différents avec, parfois, des cultures et des langues différentes. Pour eux, l’exil a représenté l’opportunité de sauver leurs vies et de jouir de meilleures possibilités par rapport à celles d’une Espagne plongée dans une période d’obscurantisme, tabous et répression. Beaucoup ont vécu avec le désir constant, mais qui diminua progressivement, d’un retour rapide en Espagne. Le déracinement a fait partie de leurs vies et les souvenirs de l’expérience de l’exil, au-delà de ceux récoltés dans une valise, ont façonné une mémoire et une identité collective.

Auteur: Lidia Bocanegra | Novembre 2009


  1.  Alted, Alicia; La voz de los vencidos. El exilio republicano de 1939, Ed. Aguilar, Madrid, 2005, pp. 42-43 [Retour au texte].
  2.  Pàmies, Teresa; Los que se fueron, Ed. Martínez Roca, Barcelona, 1976, pp. 12-13 [Retour au texte].
  3.  Tabanera, Núria; “Actitudes ante la guerra civil española en las sociedades receptoras” en Historia general de la emigración española a Iberoamérica, vol. I. J. Oyamburu (coord.), Historia 16, Madrid, 1992, p. 525  [Retour au texte]. 
  4.  Salgas-Candoret, Emmanuelle; “Une population face à l’exil espagnol. Le cas des Pyrénées-Orientales (janvier-septembre 1939)” en Exils et migration. Italiens et espagnols en France. 1938-1946, Milza, Pierre et Peschanschi, Denis (coord.), Éditions L’Harmattan, Paris, 1994, pp. 315-316) [Retour au texte].
  5.  Pour plus d’informations sur le comportement de la société argentine, veuillez consulter Bocanegra, Lidia; “La República Argentina: el debate sobre la Guerra Civil y la inmigración” in ¡Ay de los vencidos! El exilio y los países de acogida, Ed. Eneida, Madrid, pp. 189-233 [Retour au texte].
  6.  Veuillez consulter la section Bibliographie de l’exil dans cette page web pour retrouver les références biblio-webgraphiques sur le thème de l’exil en Amérique [Retour au texte].
  7.  Vilar, Juan B.; “El exilio español de 1939 en el Norte de África”, en ¡Ay de los vencidos! El exilio y los países de acogida, Ed. Eneida, Madrid, pp. 71-72 [Retour au texte]. 
  8.  Un exemple de ce revirement de la presse est représenté par le cas de la ville argentine Mar del Plata, pour plus d’informations veuillez consulter : Bocanegra, Lidia; “El final de la Guerra Civil española en la prensa marplatense” en Estudios Interdisciplinarios de América Latina y el Caribe (EIAL), Vol. 18:2, Instituto de Historia y Cultura de América Latina, Universidad de Tel Aviv, Israel, 2008, pp. 1-24, disponible sur http://www1.tau.ac.il/eial/index.php?option=com_content&task=view&id=195&Itemid=159 [Retour au texte].
  9.  Rubio, Javier; La emigración de la guerra civil de 1936-1939, Ed. San Martín, Madrid, 1977, Vol. I, p. 272 (“La geografía de origen y destino de los emigrados”, pp. 265-275”) [Retour au texte].
  10.  Alted, Alicia; La voz de los vencidos…, op. cit., pp. 49-50 [Retour au texte].
  11.  Vilar, Juan B.; La España del exilio. Las emigraciones políticas españolas en los siglos XIX y XX, Ed. Síntesis, Madrid, 2006 p. 360 [Retour au texte].
  12.  Moradiellos, Enrique; El reñidero de Europa. Las dimensiones internacionales de la guerra civil española, Ediciones Península, Barcelona, 2001, pp. 239-240 [Retour au texte].
  13.  Les autres camps de la Guinguettes d’Hix, de La Tour-de-Carol et de Mont-Louis étaient localisés dans la zone de la Haute Cerdeña.  Les camps d’Els Banys d’Arles, d’Arles-sur- Tech, de Prats de Molló et de Voló (Forcada, Eric y Tuban, Gregory; “Topografia dels camps de concentració de la Catalunya del nord”, en L’exili català del 1936-39. Un balanç, Enric Pujol (coord.), Cercle d’Estudis Històrics i Socials, Girona, 2003, pp. 57-58 y 62-63) étaient localisés dans la zone de Vallespir [Retour au texte].
  14.  Alted, Alicia; La voz de los vencidos… op. cit., pp. 75-76 [Retour au texte].
  15.  Vilar, Juan B.; “El exilio español de 1939 en el Norte de África”… op. cit., p. 74 [Retour au texte].
  16.  Pour plus d’informations sur l’évacuation des exilés à travers le Stanbrook, voir : Vilar, Juan B.; “El exilio español de 1939 en el Norte de África”… op. cit. et, du même auteur,  “La última gran emigración política española. Relación nominal de los militantes republicanos evacuados de Alicante en el buque inglés Stanbrook con destino a Orán en 28 de marzo de 1939”, in Anales de Historia Contemporánea, Univ. de Murcia, Num. 2, 1983 [Retour au texte].
  17.  Schwarzstein, Dora; Entre Franco y Perón. Memoria del exilio republicano español en Argentina, Ediciones Crítica,  Barcelona, 2001, pp. 24-27 y Alted, Alicia; La voz de los vencidos… op. cit., pp.-83-85; Alted, Alicia; La voz de los vencidos… op. cit., pp.-83-85 [Retour au texte].
  18.  Alted, Alicia; La voz de los vencidos… op. cit., p. 85 [Retour au texte].

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